Réparés/Délivrés : réparer les vêtements pour les vendre ?

En juin 2022, La Textilerie a souhaité s’attaquer aux pièces abîmées collectées grâce à vos dons. Parmi ces vêtements, certains (pas tous) sont réparables. Malheureusement, il ne nous est pas toujours possible de le faire, pour des questions de temps, d’organisation et de valorisation au juste prix. Pour s’en occuper, nous avons donc fait appel à Clara. Avec son projet Sauve qui Peut, elle s’est donnée pour mission de sauver les vêtements mal aimés pour ne pas qu’ils deviennent des déchets.

Ça a donné le projet RÉPARÉS/DÉLIVRÉS, dont nous vous parlons dans cette vidéo :

[TRANSCRIPTION DE LA VIDÉO]

LE PROJET RÉPARÉS/DÉLIVRÉS, EN QUELQUES MOTS

Elsa (La Textilerie) : Dans le cadre de notre activité de collecte et valorisation des textiles, on récupère des vêtements abîmés qu’on n’a pas forcément la possibilité de réparer pour différentes raisons.

Clara (Sauve qui Peut) : Et justement, mon projet avec Sauve qui Peut, c’est de redonner une nouvelle vie aux vêtements abîmés en les réparant. J’étais donc ravie que La Textilerie me confie des vêtements à réparer

TOUS LES VÊTEMENTS ABÎMÉS SONT-ILS RÉPARABLES ?

Elsa (La Textilerie) : Tous les vêtements abimés ne sont pas réparables, car dans certains cas le tissu est trop abimé (troué, taché, décoloré) mais la majorité d’entre eux, oui, si on prend le temps de le faire…Et cela peut prendre pas mal de temps. Mais a-t-on envie de toutes les réparer ? De passer tout ce temps ? Car la question sous-jacente est plutôt de savoir s’ils trouveront preneurs, à un prix récompensant le travail de réparation effectué ? Et là, la réponse est clairement non. Dans notre activité, on doit mettre en balance le temps de valorisation nécessaire et le débouché « commercial ». Ce dernier est directement lié à l’attractivité du vêtement, qui dépend de sa marque, de son style et de son prix de vente.

Clara (Sauve qui Peut) : On a donc dû faire des choix, et on va vous montrer quelques exemples de vêtements qui ont été collectés à La Textilerie. Pour chacun, on s’est demandé s’ils étaient réparables ou non.

Par exemple :

  • Un jean de faible qualité, troué à l’entrejambe. L’emplacement du trou rendait la réparation plus compliquée et difficile dans un contexte de revente.
  • Un pull de fast fashion, criblé de trous de mites et de taches. Dans ce cas, la réparation allait me prendre beaucoup de temps (au moins 3 heures). On a donc choisi de ne pas réparer ce type de vêtement parce qu’on s’est dit qu’il n’y avait pas de débouché, qu’il n’allait pas trouver preneur.

En revanche, d’autres vêtements étaient plus facilement réparables, comme cette veste en jean, de bonne qualité. On voit qu’elle a été beaucoup portée et s’est usée au col. Finalement, l’usure au col était facile à masquer avec une broderie à la machine. Cela a permis d’embellir le vêtement et de lui redonner une nouvelle vie.

Comme contrainte associée au projet, il fallait aussi trouver à chaque fois le bon équilibre entre qualité et rapidité de la réparation afin de minimiser le coût de la réparation et donc le prix final de l’article.

Elsa (La Textilerie) : Un autre critère dans notre sélection est qu’on voulait avoir une cohérence visuelle sur le portant. On a donc choisi des vêtements à réparer qui allaient bien ensemble et qui étaient de saison.

RÉPARATION SOBRE OU RÉPARATION CREATIVE ? 

Clara (Sauve qui Peut) : On a plutôt privilégié la seconde piste, la réparation créative et donc assez visible. Car dans la majorité des cas, la réparation allait se voir, on avait pas le même bouton etc… En outre, on l’a envisagé comme un moyen d’augmenter la valeur du produit et faire des réparations visibles, c’était un moyen de montrer le processus de réparation et montrer que ça pouvait aussi embellir le vêtement. Pour ça, j’ai créé des étiquettes que je mettais sur chaque vêtement pour expliquer mon travail : le problème initial du vêtement, la technique employée, le temps nécessaire pour cette réparation.

Elsa (La Textilerie) : Et on a pu constater que le public a vraiment adhéré. Il a perçu le soin et le temps qu’avait consacré Clara à la réparation de ces vêtements et ça a super bien fonctionné.

ENLEVER OU CONSERVER L’ÉTIQUETTE DE LA MARQUE ?

Elsa (La Textilerie) : On a conservé l’étiquette de la marque mais on s’est posé la question de l’enlever, afin d’éviter une perception négative d’un vêtement à cause de sa marque, alors qu’il a nécessité beaucoup de travail humain pour sa fabrication puis pour sa réparation. Cela aurait permis aussi un pricing uniquement au temps passé à la réparation. Mais dans le contexte de la textilerie, avec une grille de prix dépendant à la fois de la catégorie du vêtement (haut, robe…) et de sa marque, on a finalement décidé de le garder. Clara a juste ajouté un bandeau “réparé par Sauve qui Peut” En fait, nous soulevons ici un problème majeur : la faible valeur associée, à la fois affective et de revente, au vêtement de mode rapide, ne permet pas de lui accorder une longue durée de vie.

COMMENT ALLONGER LA DURÉE DE VIE D’UN VÊTEMENT ?

Elsa (La Textilerie) : A la Textilerie, on organise une exposition sur la réparation, des ateliers de réparation, des cours de couture…

Clara (Sauve qui Peut) : Avec Sauve qui Peut, j’ai créé un service de réparation de vêtements qu’on peut me confier. Je chine aussi des vêtements en mauvais état, prêts à être jetés, que je répare et que je mets en vente.

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